Le « cangaço », banditisme social, a duré au Brésil
environ de 1870 à 1940.
Il fut typique du Nordeste.
Le bandit social est en général membre d'une société rurale
et, pour diverses raisons, considéré comme proscrit
et criminel par l'État et par les grands propriétaires.
Malgré cela, il continue à faire partie de la société paysanne
dont il est issu, et il est considéré comme un héros par
cette société, qu'il soit un justicier, un vengeur, ou quelqu'un
qui vole les riches.
Fils
d'une famille de petits paysans et éleveurs, Lampião
est né vers 1900 à Serra Talhada,
Sertão de Pernambuco.
Pendant
son enfance, La famille de Virgulino se trouva empêtrée
dans les inimités locales entre les familles et les
grands propriétaires terriens. Pour une raison ou
une autre, la famille fini par être en mauvais terme
avec la police locale, et après
une altercation avec elle, le père de Virgulino fut
abattu en 1919.
A ce moment là, la police ne pouvait pas savoir qu’elle
le regretterait amèrement par la suite.
C'est
alors que Virgulino réunit ses jeunes frères et leur dit :
"João,
tu vas t'occuper de nos 4 soeurs et de Ezequiel. Va-t-en
d'ici, va vivre en paix".
Aux autres, il dit : "Nous avons tout perdu,
n'est-ce point vrai ? Alors maintenant, il faut tuer
jusqu'à ce que nous soyons nous-mêmes tués".
Virgulino
entrait alors dans le Cangaço. À
l'âge 25, Virgulino est devenu Lampião, le
fléau de l'arrière-pays et tueur des policiers
et des soldats, qu'il a toujours appelés des macacos
(singes).
Lampião
et ses deux frères les plus âgés partirent à travers les États
du Nordeste, faisant justice de leurs propres mains.
Lampiao devient donc le chef d'une bande pouvant atteindre
à certaines périodes une centaine d'individus.
Héros
ou bandit?
Capitaine
Virgulino, comme Lampião aimé s'appeler, n'a
jamais manqué d'ennemis car il tirait volontier à
vue sur n'importe quel officiers de police ou de milices.
L'état et les politiciens locaux étaient offensés
par son prestige et sa puissance. Mais attraper et tuer
Lampião n'étaient pas chose facile. Il était
connu dans tout le pays, possédait des espions partout,
ainsi que des amis. La majeure partie de la police envoyée
contre lui n'était pas excessivement enthousiaste
à l'idée de tomber en embuscade dans la brousse.
Lampião
aimait les photos et les journaux, malgrés cela,
la police n'arrivait jamais à mettre la main
dessus.
Pendant les 15 années qui suivirent, Lampião
ne fut jamais loin des titres de journaux dans l'ensemble
du Brésil. On dit souvent que Lampiao est le
Robin
des bois du Brésil.
En aucune manière!
Car Lampiõ commença sa carrière
en volant les dames âgées.
Lampião était un homme complexe, bien
que très religieux et pourtant brutal. |
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Sa
bande, dès 1930, intègre des femmes, et
établira en son sein une sorte de "subculture"
originale, avec ses attributs vestimentaires, ses codes
de hiérarchie, ses rapports entre les genres,
ses rituels d'initiation, ses valeurs culturelles et
ses pratiques religieuses. Se
déplaçant beaucoup, généralement
à pied, les cangaceiros (hommes et femmes) transportent
sur leur dos une charge pouvant atteindre 40 kilos. |
Il
est difficile d'imaginer qu'une petite bande de bandits
pouvait agir ouvertement contre la police et les milices
armées d'état durant une décennie et
demi. Mais dans le nord-est du Brésil dans les années
20 et 30, les routes étaient des traînées
de bétail, l'eau était rare, la police corrompue,
les patrons locaux étaient craintifs, les lignes
télégraphiques presque inexistantes et les
gens ne voulaient pas d’autres ennuis dans leur vie
déjà dure.
Ici
en compagnie de sa compagne, Maria Bonita. |
Puisque
la police n'a rien pu faire contre lui, la majeure partie
du peuple l'a soutenu à contrecœur. Mais
cependant peu de gens l'ont rejoint. Lampião
n'était pas un révolutionnaire, c’était
un bandit. Ceux qui se sont opposés à
lui pourraient auraient pu tout perdre y compris leur
vie.
En cas de trahison ou dénonciation à la
police, les cancageiros étaient impitoyables.
Lampião allait jusqu’à l’extermination
de familles entière de ses ennemis, attaquait
les petites villes, tuant les policiers, rackettant
les commerçant locaux, violant même les
femmes parfois si elles avaient une relation avec des
policiers ou des soldats, saisissant n’importe
quelle richesse ou vivre. Ce dont il n’avait pas
besoin, il le redistribuait à d’autres
villages, s’assurant ainsi leur sympathie.
Des témoignages racontent que Lampião
et ses hommes ont violé la femmes d’un
policier devant ses yeux, creusé les globes oculaires
d’un soldat, coupé au couteau la langue
d’une femme d’un autre… |
Ainsi
Lampiao a perdu la tête ! C'était une vie dure,
et les deux côtés étaient cruels.
Lampiao, le "Roi du Cangaço", "règne"
ainsi sur le Sertão de 1922 à 1938.
En
juin 1938, alors que le roi du cangaceiro désire
mettre fin à sa carrière, la cachette
de Lampião fut révélée à la police par le commerçant
Pedro Cândido, sous la torture. Agissant par surprise,
la troupe massacra à la mitrailleuse le petit
groupe des 50 cangaceiros , après un combat
d'une vingtaine de minutes, 40 bandits résussirent
à s'échapper, mais les chefs furent visés
les premiers et Lampiõ et 10 de ses hommes furent
abattus, dont sa compagne, Maria Bonita...
Les corps furent décapités et les têtes mises, comme
trophées, dans des bidons de kérosène avec de l'eau
et du gros sel.
Après avoir été exposées à la caserne des gendarmes
de Maceió, elles furent finalement remises à l'Institut
Anthropologique et Ethnographique de Bahia, où elles
fûrent momifiées. Elles firent partie du Musée
Nina Rodrigues, qui les conserva jusqu'à ce qu'elles
soient enterrées, 30 ans plus tard. |
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A
sa mort on pu voir dans les journaux cette carricature
représentant Lampião en train de boter
les fesses du diable à son arrivée en
enfer.
Deux ans après l'élimination de Lampião,
ce sera le tour de son bras droit, Corisco.
Le Cangaço des bandes permanentes
prend fin.
Dès le début du siècle,
les poètes populaires nordestinos immortalisent
les prouesses des cangaceiros à travers une littérature
régionale, sorte de chanson de geste, le
Cordel. Sur les marchés et les foires,
on chantera ou on lira à haute voix l'épopée
tragique de ces héros d'autrefois. Les cangaceiros
vivent toujours dans le folklore, la littérature,
les bandes dessinées, la TV, les films et les
chansons populaires...telles que celles de capoeira. |
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